Episode 14. D’où vient la madeleine?
Retrouvez le texte de la chronique:
Est-ce comme moi, la vie entre 4 murs vous fait ressurgir à tout moment des fragments de souvenirs comme des murmures fugaces du passé qui glissent dans votre journée?
Quand on évoque ces moments furtifs issus de nulle part, on en vient rapidement à la Madeleine de Proust. Devenue un lieu commun pour évoquer une réminiscence agréable. Elle est la pierre angulaire de « Du côté de chez Swann », le premier tome d’A la recherche du temps perdu.
Mais connaissez-vous sa véritable origine ? De nombreuses versions vont bon train, mais une chose est sûre elle nous vient de Lorraine et plus précisément de la commune de Commercy.
Le petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot», comme le décrit Marcel Proust, serait né vers 1750 dans les cuisines du Duc de Lorraine et ancien roi de Pologne, Stanislas Leszczynski, réputé pour sa fine bouche. Une jeune femme, qui s’appelait Madeleine avait été appelée en renfort en cuisine à l’occasion d’une réception dans son château de COMMERCY.
Elle réalisa alors un petit gâteau au beurre en forme de coquille dont le Duc se délecta tant qu’il décida de lui donner son nom. Si par la suite l’introduction de ce gâteau à Versailles lui assura son couronnement. Grâce à l’essor du chemin de fer, les madeleines de Commercy vont se populariser dans toute la France et à Paris notament. La production qui s’élevait à 20 000 madeleines par an avant l’arrivée du chemin de fer va grimper à près de deux millions quatre cent mille madeleines par an après 1840 !
La recette quant à elle est un sujet de bataille sans trêve depuis lors.
Si tout le monde est d’accord sur les œufs, le beurre, la farine, le sucre, la pincée de sel et la levure chimique, certains y ajoutent du lait pour d’autres c’est une hérésie, certains ne jure que par le miel, d’autres par les zestes de Citron ou d’orange. Il y a ceux qui recommandent de préparer la pâte la veille et ceux qui prêchent pour une préparation instantanée…
Sachez que la grande différence avec d’autres recettes de madeleines réside notamment dans le fait de battre les blancs en neige avant de les incorporer au reste de la pâte 😉
Mais tous s’accordent sur le fait que c’est par la cuisson que le miracle va arriver.
Si tout le monde se revendique d’avoir la formule authentique, Le secret est conservé par « La confrérie des compagnons de la madeleine de Commercy ». Confrérie qui réunit les maîtres madeleinniers afin de « Faire connaître et apprécier partout et en tous lieux, mais aussi protéger et conserver, la qualité de : La Véritable Madeleine de Commercy ».
Violaine Champetier de Ribes
Auteure et conférencière